lundi 24 octobre 2011

COMMUNIQUE de NAIKA ELIANE: APAISEMENT D'ABORD


Après mûre réflexion, j’ai pris la résolution de ne pas me présenter à l’entretien convoqué par Monsieur Rajoelina. La principale raison en est le non-respect  des termes de la feuille de route. Monsieur Rajoelina, au pouvoir depuis bientôt trois ans, en toute illégalité et sans légitimité populaire, se doit de prendre sans attendre des mesures d'apaisement publiques et visibles conformément à la feuille de route qu'il a lui-même promue et signée. Force est de constater qu’à ce jour, aucun effort n’a été déployé de sa part dans ce sens, à preuve:
  • Les prisonniers politiques croupissent toujours en prison;
  • Les poursuites judiciaires envers les opposants ne sont toujours pas levées;
  • Le mandat d’arrêt et NOTAM à l’encontre du Président Marc Ravalomanana et des autres exilés ne sont pas toujours annulés;
  • Les radios et télévisions privées ne sont toujours pas autorisées à émettre librement;
  • Etc.
Je demeure convaincue qu’une transition pouvant nous ramener vers des élections crédibles est celle qui démarre sur des principes garantissant un climat de sérénité

Naika Eliane
 

lundi 19 septembre 2011

APPLICATION STRICTO SENSU DU PARAGRAPHE N°30 DE LA FDR


Les beaux discours ne suffisent plus. Nous voulons des actes, du concret et revendiquons l’application stricto sensu et sans délai du paragraphe portant le N° 30 de la feuille de route dont ci-après la teneur :

« 30. les présents engagements annulent et remplacent tous les engagements pris et ou signés  antérieurement concernant la transition à Madagascar.»

Nous rappelons que la HAT a pris et ou signé avant le 16 Septembre 2011, date de la signature de l’actuelle feuille de route bien d’engagements, entre autres:
                -Le procès du Président Ravalomanana
                -Des emprisonnements à caractère politique
                -La fermeture abusive et arbitraire de chaînes de télévisions et radios privées.
                -L’organisation d’un référendum sur la constitution de la 4ème République
                -La mise en place de diverses institutions (Gouvernement, CST, CT, CENI, CSM, HCC, etc.)
                -L’émission de NOTAM à l’encontre du Président Marc Ravalomanana.
                -La signature de divers contrats miniers (WISCO, etc.)
Au vu de ce paragraphe N° 30, la nouvelle transition doit procéder, dans l’immédiat, à l’annulation pure et simple des actes suscités.
Nous invitons la SADC et l’ensemble de la communauté internationale à veiller au grain quant à la mise en œuvre de l’accord politique de Paon d’Or dans sa globalité et notamment sur les points énumérés ci-dessus.

MITOHY NY TOLONA !

Eliane Naika.

dimanche 18 septembre 2011

HAT/DEMOCRATIE: Le grand test

Après la signature de la feuille de route, une nouvelle étape s’ouvre dans notre pays pour l’avènement d’une transition consensuelle et inclusive. Certes, cet accord est loin d’être parfait. Mamy Rakotoarivelo, le représentant de la mouvance Ravalomanana lors de sa signature,  l’a reconnu publiquement.  Néanmoins,  cet accord a le mérite  de franchir l’écueil lié au retour sans condition du Président Ravalomanana à Madagascar, un récif contre lequel nous nous sommes battus depuis bientôt trois ans.

Maintenant que cette barrière est levée, saluons l'effort déployé par la délégation de la SADC et l’intense travail de négociations qu’elle a mené pour faire aboutir la signature de la feuille de route. Félicitons également tous les protagonistes qui ont bien voulu faire des concessions pour l’intérêt général du peuple malagasy, lequel ne demande qu’à vivre dans un pays réconcilié et non déchiré par des intérêts partisans.

Désormais, il est grand temps que les acteurs politiques s’attèlent  loyalement à la mise en œuvre de l’accord signé et que chacun en ce qui le concerne s’efforce de respecter les  engagements pris. Il est évident que le plus dur reste à faire. Le spectre des échecs réservés aux accords de Maputo planent indéniablement. Souvenons-nous que certains acteurs ont délibérément refusé d’obtempérer aux résolutions signées en optant pour l’unilatéralisme de façon à bloquer le processus de recherche de sortie de crise auquel a participé un parterre d’acteurs malgaches et internationaux.
Toutefois, le retour à l’unilatéralisme semble théoriquement inconcevable quand on se réfère aux termes de la nouvelle feuille de retour signée.. Espérons que la HAT appliquera   convenablement les dispositions de l’accord de Paon d’Or  et très particulièrement le paragraphe N°30  où il est stipulé ceci :

« 30. les présents engagements annulent et remplacent tous les engagements pris et ou signés  antérieurement concernant la transition à Madagascar ».

A bien lire ce passage, sans pour autant en faire un décryptage juridique, la mise en place d’une nouvelle transition réellement démocratique s’avère incontournable. La HAT doit impérativement faire table rase de tout ce qu’elle a entrepris d’une manière unilatérale. Outre la dissolution des diverses institutions (Gouvernement, CST, CT, CENI, etc,) et la recomposition de leurs membres conformément à la nouvelle configuration politique générée par l’accord de Paon d’Or, elle a l’obligation de revoir sa copie et doit  procéder à l’annulation du référendum bidon sur la Constitution qu‘elle a organisé dans le cadre de sa vaine offensive de charme pour l’obtention de la reconnaissance internationale. En effet, la mouvance Ravalomanana est en droit de revendiquer la remise en cause de toutes les décisions politiques ou judiciaires prises antérieurement, en l’occurrence celles relatives au procès illégal du Président Marc Ravalomanana qui a maintes fois réclamé une ouverture d’enquête indépendante .
En définitive, le retour à l’unilatéralisme est préjudiciable au destin commun des malagasy et ne fera que plonger le pays dans un abîme sans fond. La HAT est à l’épreuve. Saura-t-elle saisir cette opportunité pour démontrer au peuple malagasy et à la communauté internationale qu’elle est bien résolue à œuvrer pour la refondation de la transition  sur des bases réellement démocratique, préalable à l’organisation d’une élection libre, transparente et neutre ?
Eliane NAIKA

mercredi 15 juin 2011

Le déplorable entêtement d’un putschiste !


U-l-cé-rée ! Certainement, ce mot est trop faible pour exprimer mon ressenti après avoir écouté le dernier point de presse du putschiste Andry Rajoelina. Tellement, mon indignation est profonde. « Pleure ô mon pays bien aimé », pour reprendre la phrase d’un éditorialiste bien connu, quand il s’exclama, dans les colonnes d’un quotidien malgache, sur le sort de Madagascar, évidemment pas pour les mêmes motifs.

Au moment où le Président Ravalomanana adopte la politique de la main tendue en vue d’une réelle réconciliation nationale, le camp d’en face, visiblement inconscient de l’impact désastreux de son attitude irresponsable sur la vie quotidienne des malgaches, opte pour une fuite en avant par son refus du schéma consensuel et inclusif proposé par les médiateurs.

Il est déplorable que le putschiste s’obstine à son plan machiavélique d’organiser d’une manière unilatérale la prochaine élection présidentielle. Autant dire que Andry Rajoelina est bien décidé à faire la sourde oreille aux résolutions de la communauté internationale qui n’a eu de cesse de lui faire comprendre la  nécessité d’une élection crédible, c’est-à dire libre, transparente et impartiale. Il est clair qu’il agit de cette manière afin de pouvoir continuer à piller le pays  avec ces acolytes et profiter de l’actuelle situation chaotique  alors que la majorité des malgaches croupissent dans une misère indescriptible.

Andry Rajoelina prétextait son refus sur le retour du Président Ravalomanana en évoquant le crime de sang que celui-ci aurait commis pendant la tuerie du 07 Février 2009. A rappeler que le Président Ravalomanana a maintes fois réclamé l'ouverture d’une enquête indépendante sur ce dossier ainsi que sur l’affaire du 26 janvier 2009. Quelle aberration, d’ailleurs, d’insister sur cet argument quand on sait que l’armée, sous l’autorité de la HAT, avait maté dans le sang les contre-manifestations  organisées  par les trois mouvances à Antananarivo, entre autres celles du 28 Mars 2009.Le peuple aimerait savoir également l’issu de l’enquête sur ces crimes de sang dont la HAT est présumée responsable. Pendant que nous y sommes, saura-t-on un jour la vérité sur l’atrocité dont a été victime Haja, la bibliothécaire d’Ambohijatovo ?

Andry Rajoelina a expressément déclaré qu’il a consulté au préalable les partis politiques et l’armée avant de faire savoir au public sa position sur la résolution du sommet de Sandton. Etrangement,  il n’a pas jugé utile de demander l’avis des trois mouvances, comme si Madagascar est devenu une propriété privée qu’il ne partage qu’avec ceux qui sont d’accord avec lui. Quant  à l’armée, je suis sidérée de constater que celle-ci soit invitée à émettre un avis politique partisan sur le retour du Président Ravalomanana, alors qu’elle a observé  un assourdissant silence radio sur celui de son prédécesseur.

Andry Rajoelina et la HAT ne semblent pas réaliser qu’en ciblant particulièrement le Président Ravalomanana, ils accroissent la défection d’une frange importante de la population malgache à leur encontre.  Quand une pétition sur le retour du Président Ravalomanana ainsi que sa participation à la prochaine élection présidentielle a pu dernièrement collecter 20.000 signatures, rien que pour la capitale Antananarivo (voir le site du Collectif.gtt.com), il y de quoi à réfléchir sur la légitimité de cet entêtement à faire obstacle au retour à Madagascar du Président Ravalomanana. 

En définitive, Andry Rajoelina et la HAT n’ont qu’un seul objectif : ne rien lâcher tant que l’armée leur réaffirme son allégeance. Peut-on continuer à gouverner sans une suffisante légitimité populaire ? Wait and see !


jeudi 9 juin 2011

Le Parlement Européen se positionne pour l'application ferme des accords de Cotonou PAS DE RAJOELINA AU POUVOIR

En préambule, le GTT International tient à remercier la sénatrice de Madagascar Mme Naika Eliane, présente à Strasbourg durant la session du Parlement Européen de représenter et faire connaitre la voix des légalistes de Madagascar et du monde entier.


 

Lors de sa session parlementaire à Strasbourg, le Parlement Européen a fermement condamné le maintien du régime illégal et illégitime de M. Rajoelina ainsi que les nombreuses violations des droits humains et les abus commis par les forces armées contre leur propre population. Le parlement Européen demande une enquête indépendante de ces actes, dont l'objectif devrait être de ramener les auteurs de violations des droits de l'homme à la justice


 

Le parlement Européen appelle à la dissolution de toutes les milices armées pour le plein respect des droits civils, politiques, sociales et économiques de tous les citoyens et les rétablissement de l'état de droit à Madagascar;


 

Voici les autres grands points de décision voté ce jour. Le Parlement Européen


 

  • appelle à la libération immédiate de toutes les politiques prisonniers
  • appelle au retour en toute sécurité et sans condition des exilés et des dirigeants politiques.
  • déplore et demande des actions concrètes pour arrêter le pillage des ressources naturelles;
  • demande l'installation d'une transition véritablement neutre, consensuelle et inclusive
  • Souligne la nécessité urgente d'un retour à l'ordre constitutionnel, qui est une condition pour la retour à la normalité institutionnelle à Madagascar, et demande instamment des élections transparentes qui respectent les normes démocratiques sous l'égide de la communauté internationale;
  • Souligne que la crédibilité, y compris la légalité du processus électoral, implique que toutes les mouvances politiques et les dirigeants prennent part à ces élections librement et ont accès aux médias sans condition;

  • Refuse que les autorités qui ont pris le pouvoir de manière inconstitutionnel aillent la légitimité d'organiser des élections et rappelle la décision annoncée par M. Rajoelina de ne pas se présenter à l'élection présidentielle à venir;

  • Souligne la nécessité et la capacité du peuple malgache à choisir leur avenir sans aucune condition;
  • Souligne que l'Union africaine a confirmé, lors de son sommet le 31 Janvier 2011, individuels et sanctions sélectives convenu lors du sommet le 17 Mars 2010 contre M. Rajoelina et plus d'un centaine d'autres personnes qui appuient la Haute Autorité du Gouvernement de transition;
  • Invite l'Union européenne et le Conseil de sécurité à continuer d'imposer et d'étendre
    sanctions sur le régime jusqu'à ce que la crise politique soit résolue et en particulier d'étendre à tous leurs pays membres de l'interdiction de visa
    institué par l'Union africaine;
  • Souligne que le gouvernement de M. Rajoelina n'est pas reconnu ni par l'Union européenne ni par tous les pays membres du Groupe International de contact-Madagascar;
  • Appuie les efforts actuels de la SADC et invite l'UA, la SADC et du groupe international de contact de mener le processus de transition à une conclusion satisfaisante; 


Extrait de la résolution d'urgence du parlement Européen voté ce jour à Strasbourg

mercredi 18 mai 2011

News de l'Assemblée ACP-UE

Les parlementaires des pays membres de l'ACP et de l'Union Européenne viennent de clôturer leur 21 ème Assemblée paritaire, à laquelle j'ai eu le privilège d'assister, en tant qu'invitée.


Je saisis cette opportunité pour saluer la détermination des ces parlementaires à ne jamais cautionner tout pouvoir inconstitutionnel et louer l'effort qu'ils déploient pour le retour à l'ordre constitutionnel à Madagascar. 


Je vous prie de lire ci-après leur déclaration sur la situation à Madagascar:

Déclaration sur la situation à Madagascar par les co-présidents de
l'Assemblée parlementaire paritaire ACP-EU Joint, Louis Michel and
David Matongo
Budapest, le 17 Mai 2011



A la veille du Sommet de la SADC, Louis Michel et David Matongo, co-présidents de
l’Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE appellent à la mise en place d’un
gouvernement de transition neutre, inclusif et consensuel qui aura entre autre pour
mission de lancer un processus électoral transparent et indépendant menant à la
tenue d'élections démocratiques sous la supervision de la Communauté internationale
et nécessaires à un retour durable à l’ordre constitutionnel.  
La situation à Madagascar est toujours au point mort. Le pays est toujours gouverné par un
régime non élu. Il est impérieux d'avancer une solution définitive de sortie de crise qui passe
par la mise en place préalable d'une transition véritablement neutre, inclusive et
consensuelle selon des critères et un schéma proposés par les trois principales mouvances
politique du pays et dont la SADC est actuellement saisie.
La crédibilité, par conséquent la régularité d'un tel processus électoral, implique que toutes
les mouvances puissent s'y présenter librement et sans condition. L'élection du prochain
Président de la République de Madagascar, acquise dans ces conditions, marquera ainsi le
retour à l'ordre constitutionnel et à la normalité institutionnelle prônés de façon constante par
la communauté internationale et, tout spécialement, par la SADC au travers de la médiation
de l'ancien Président du Mozambique, M. Joaquim Chissano, en sa décision du 30 mars
2009 confirmée le 31 mars 2011. 
L'Assemblée parlementaire paritaire ne pourra que s'en réjouir, car l'Union européenne
pourra alors reprendre avec Madagascar, et au bénéfice de sa population, une coopération
mutuellement fructueuse après une interruption de plus de deux ans qu'a imposé un régime
unilatéraliste et peu soucieux des droits fondamentaux, constitutionnels et démocratiques
qu'est le gouvernement inconstitutionnel malgache actuel.

lundi 18 avril 2011

Madagascar : le nombrilisme d’une dictature en disgrâce.


Aux dernières nouvelles,  rien ne présage que le chef putschiste soit disposé à remettre le pays sur les rails de la démocratie. A en croire ses dernières déclarations, Andry Rajoelina, semble, au contraire, s’embastiller dans son autisme en ignorant ses propres responsabilités sur les dérives dictatoriales commises dans le pays depuis qu’il est au pouvoir, et ce en dépit du dernier rapport affligeant du Département US, sur la violation du droit de l’homme à Madagascar. Pire, il impute à la communauté internationale une manœuvre discriminatoire quand celle-ci refuse de reconnaître le pouvoir de la HAT alors qu’elle agrée « la révolution du jasmin ».

Dès lors, le peuple malgache, accablé par bientôt trois ans de gouvernement de fait, perd tout espoir d’une sortie de crise fondée sur la réconciliation nationale, l’abandon de toute velléité unilatéraliste en vue d’une transition plus respectueuse des valeurs républicaines.

Il est navrant de constater que le putschiste feint d’oublier qu’il a été l’auteur d’un coup d’Etat et de ce fait, il est interdit de tout exercice de pouvoir, si l’on se réfère aux accords de Cotonou et à la Charte Africaine sur les droits de l’homme. Sans omettre que son statut de Président de la Transition a été décidé dans le cadre des accords de Maputo dont la caducité n’est plus à démontrer, depuis qu’il a, de son plein gré, renié sa propre signature et jeté à la poubelle le précieux travail malgacho-malgache pendant lequel, rappelons-le, les médiateurs internationaux (UA, SADC, etc.) n’ont joué que leur rôle de facilitateurs.

Andry Rajoelina feint d’oublier que depuis sa prise du pouvoir par la force, il n’a jamais déployé tout l’effort nécessaire pour la mise en place d’une transition véritablement neutre, consensuelle et inclusive.

Enivré par son ambition inavouée de gagner à tout prix la prochaine élection présidentielle, Andry Rajoelina ne cesse de se comporter comme un apprenti dictateur en multipliant des actes anti-démocratiques.

Propulsé au pouvoir grâce à un coup d’Etat militaro-civil, le putschiste entame sa dictature par la manipulation d’un forum national destiné à préparer l’élaboration de la constitution de la 4ème République. Tout a été manigancé pour écarter ses adversaires politiques, en l’occurrence les trois mouvances et bien d’autres partis d’envergure. Le forum a bel et bien accouché une piètre Constitution soumise, quelques semaines plus tard, à un référendum populaire jugé par les sociétés civiles malgaches comme étant la pire consultation populaire que Madagascar ait pu connaître.

Après avoir verrouillé la HCC (Haute Cour Constitutionnelle) et le CSM (Conseil Supérieur de la Magistrature) par la nomination aux seins de ces institutions ses partisans, le putschiste n’a pas omis de faire table rase du parlement de façon à mieux donner libre cours à son projet totalitariste. Le CST (Conseil Supérieur de la Transition) et le CT (Congrès de la Transition)  ont vu le jour dans le but de pallier au vide juridique. Mais le peuple ne peut pas s’y reconnaître, compte tenu du fait que ces deux chambres ne sont composées que des personnes désignées par Andry Rajoelina.

Certes, le CENI (Commission Electorale Nationale  Indépendante)  a été crée pour se substituer au Ministère de l’Intérieur afin de se conformer aux conditions requises par la communauté internationale pour garantir la neutralité des opérations électorales.  Mais, les faits sont assez explicites pour démontrer que le CENI, en travaillant sous l’autorité de la HAT, perd toute son indépendance et devient un instrument à sa solde.

Bref, tous les ingrédients sont là afin de faciliter le processus unilatéraliste  concocté par le putschiste pour  servir son objectif obstiné de confisquer le pouvoir.

Quant au respect du droit de l’homme, le rapport du département US a largement relaté les diverses violations perpétrées par le pouvoir putschiste. Inutile de s’y attarder pour étançonner la thèse sur le caractère dictatorial du pouvoir actuel. S’il est une chose sur laquelle j’aimerais attirer l’attention des lecteurs- en corroborant, d’ailleurs,  la récente lettre adressée par le professeur Zafy Albert à Andry Rajoelina, c’est que l’Etat malgache ne repose sur aucune base constitutionnelle. J’estime que la pire des situations,  c’est d’être gouverné par un pouvoir fondé sur aucun cadre légal, donc des gouvernants qui ne sont plus redevables à son peuple sur quoi que ce soit, de façon à favoriser l’instauration d’un régime totalitaire où prévaudrait  la loi du plus fort.

Le paroxysme de la manœuvre dictatoriale du pouvoir putschiste est à chercher dans la manipulation  de la fameuse feuille de route de sortie de crise. Andry Rajoelina a brouillé les cartes au nom d’un prétendu  dialogue malgacho-malgache, et  argué le caractère inclusif de sa démarche par la mise en place d’un gouvernement dont la formation a été une affaire interne de son propre camp. En effet, Andry Rajoelina n’a  pas estimé nécessaire de partager la transition avec ceux qui ne se recrute pas parmi ses partisans et préfère, une fois de plus, opter pour l’unilatéralisme. L’attribution de postes ministériels à certains membres des trois mouvances a été scénarisée par le pouvoir putschiste pour faire croire à la communauté internationale que l’inclusivité tant décriée par celle-ci est en bonne marche. Or, personne n’est dupe. Il s’agit plus d’un débauchage que d’une franche participation des trois mouvances, sachant qu’aucun mandat permettant à ces membres dissidents d’accepter ces portefeuilles n’a jamais été donné. Sans oublier que, le Premier Ministre a été redésigné, une reconduction qui ne peut être comprise que comme une pure provocation à l’endroit de la communauté internationale et des trois mouvances  qui n’ont eu de cesse que la neutralité du Premier Ministre soit une nécessité impérieuse pour la réussite de la transition.

Au demeurant, le pouvoir putschiste continue à gérer le pays comme bon lui semble. Certes, Madagascar n’a pas connu les déplorables massacres de Duékoué (Côte d’Ivoire), mais l’entêtement du putschiste à aller vers l’élection, contre vents et marées, ne fait que conforter son appétence à confisquer le pouvoir par la dictature, au détriment de l’aspiration de tout un peuple qui ne demande qu’à vivre dans un pays réconcilié et un Etat rebâti sur de nouvelles bases réellement démocratiques.

Personne,  d’ailleurs, ne peut accorder le moindre crédit à une élection présidentielle organisée dans un contexte où la dictature reprend ses lettres de noblesses au sein d’un appareillage acquis à la cause du pouvoir  putschiste. En tout cas, la tenue précipitée d’un tel rendez-vous électoral  tranche avec le desideratum du peuple malgache à  mieux refonder la nation sur les fondamentaux républicains afin de mettre un terme aux crises cycliques qui minent son pays depuis maintenant vingt ans environ.

Que le putschiste ne se lamente pas de la non-reconnaissance de notre pays par la communauté internationale dans sa démarche foncièrement égocentrique préjudiciable à toute recherche de sortie de crise, une attitude qui ne fait que plonger la grande île dans un profond abîme sans nom. Espérons qu’à l’issue de ce déplacement en terre namibienne, Andry Rajoelina change son fusil d’épaule pour ne plus se comporter comme un dictateur replié sur lui-même,  mais un vrai démocrate soucieux d’un avenir radieux de son pays.


dimanche 13 mars 2011

Hommage aux femmes engagées dans les "révolutions de jasmin" et ailleurs en Afrique !


Mengue M'Eyaà

Dans le cadre de la journée internationale des femmes et sur fond de musiques actuelles malgache et gabonaise de Pierre Claver Zeng s’est tenue à Noisy le Sec une exposition-débat consacrée au rôle des femmes dans les mouvements démocratiques de libération, notamment en Afrique (Afrique du Nord et Afrique subsaharienne).

Après une démonstration réussie et festive de danse de l’association Afro Caribean Jo’School, les débats étaient animés par  Mengue M’Eyaà, présidente du Mouvement civique des Femmes, et Djamila Benaïssa,  secrétaire générale, coordinatrice de la soirée,  qui  ont tenu à remercier la ville de Noisy le Sec pour avoir permis d’organiser ce débat au centre municipal Gérard Philipe et d’avoir prêté son concours pour l’édition des invitations et plaquettes diffusées auprès des Noiséens.
8 élus, dont le maire de Noisy le Sec, M. Rivoire, M. Lerenard, adjoint au maire aux associations, Mme Sannier, adjointe au maire chargée du logement, et les adjoints au maire chargés de la démocratie participative, MM Franceshini et Cressiot sont venus à la soirée, ainsi que des membres des conseils de quartiers.Nasser FERRADJ, ancien élu coordinateur des conseils de quartiers est également venu en ami.
Nous avons été honorées de la présence de femmes de qualité de nombreuses origines qui ont répondu à notre invitation. Une cinquantaine de collégiens et lycéens sont également venus (lycée et collège Olympe de Gouges).
 A noter aussi, il y avait une exposition de robes et bijoux de Madagascar. Pour un clin d’œil aux femmes étaient exposées des robes de Tunisie, d’Algérie, du Maroc et d’Egypte. Pour l’Afrique noire, il y avait des robes du Cameroun, de Côte d’Ivoire, du Togo et du Gabon…Les femmes revendiquent le fait d’être vêtues d’une robe et faire la révolution dans leurs pays respectifs.
 Les témoignages de plusieurs femmes ont été entendus :
 - Mme Eliane NAIKA, sénatrice de Madagascar, qui a effectué deux mandats, dont le dernier interrompu,  a expliqué que son pays vit une tragédie depuis un coup d’Etat en mars 2009 qui a destitué le Président élu. Les libertés publiques ont été abolies, et, depuis lors, la terreur règne dans le pays. Elle a elle-même été arrêtée, torturée, et si elle n’avait eu son passeport français – elle a la double nationalité-, elle aurait pu connaître pire encore.

Melle Farida NABOUREMA, étudiante togolaise et féministe se bat afin de dénoncer la dictature d’Eyadéma qui a « emporté » les élections dans son pays dans des conditions scandaleuses. Elle souhaite tenter d’éveiller les consciences internationales sur la question du Togo et au-delà de ce pays,  de tous les processus démocratiques abolis et ridiculisés avec le soutien du pouvoir français.

-Mme Emilie KEUCHA, camerounaise dresse à son tour l’état des menaces qu’elle et son mari ont eu au Cameroun, pays dans lequel les libertés publiques n’existent pas.
Un débat s’instaure avec la salle. Aïcha ZAGHLOUMI, d’origine tunisienne, marque son admiration envers les actions menées par le Mouvement Civique des Femmes et les femmes courageuses présentes ce soir. Elles sont un exemple pour toutes les autres.



Puis, Mme Mengue M’Eyaà évoque la situation gabonaise, et le récent assassinat de Marie BENDOME, une mère de famille de 38 ans, tuée par le régime Bongo parce qu’elle et des militants politiques manifestaient pacifiquement en faveur de la démocratie.
  Elle précise que les problèmes rencontrés par les femmes africaines ne peuvent être réduits aux questions d’excision ou de polygamie, qui ne touchent qu’une partie de l’Afrique de l’Ouest. En effet, les femmes constituent plus de la moitié de la population en Afrique. Elle dénonce au Gabon l’instrumentalisation des femmes liges alibis très présentes dans le pouvoir gabonais mais qui sont souvent recrutés pour leurs compétences et leur docilité aux hommes qui détiennent le véritable pouvoir politique. L’absence d’alternance dans la plupart des pays rend finalement très difficile toute évolution positive. C’est pourquoi, ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte, mais aussi dans les Etats du Golfe persique est important pour l’avenir, y compris pour l’Afrique subsaharienne.
Après ce débat au cours duquel Helmut BONNET, ancien élu aux associations et Jean-Paul Lefebvre, conseiller municipal actuel et président du groupe des élus socialistes,  ont pris la parole, il est rappelé que la soirée est aussi dédiée à une grande dame au service de la littérature, Mme Christiane Yande Diop, directrice de la Maison d’édition Présence Africaine. 
écrit par Mengue M’Eyaà


jeudi 3 mars 2011

Madagasikara, à contre sens !

Au moment où un processus de révolution démocratique s’empare de la quasi-totalité des pays arabes, Madagasikara s’embourbe dans un fâcheux déni de démocratie.

Deux ans après  le coup d’Etat de 2009, l’espoir de voir naître un Etat malagasy respectueux des valeurs républicaines s’amenuise. Les putschistes s’obstinent à refuser tout retour à l’ordre constitutionnel et multiplient des mesures anti-démocratiques.
Diverses initiatives ont été mises à profit pour trouver une sortie de crise. Malheureusement, le pouvoir putschiste campe sur sa position et s’engouffre unilatéralement dans une voie sans issue.

A l’heure où ces lignes sont écrites, Andry Rajoelina, vient de réunir à la CCI d’Ivato tous ses sympathisants politiques, pour donner à la communauté internationale l’illusion d’un accord inclusif et consensuel sur une version finale de la fameuse feuille de route destinée au médiateur de la SADC. Ce qui signifie que le train TVG,  est bel et bien déterminé à laisser sur le quai ceux qui pourraient compromettre son accession définitive au trône du pouvoir. Certainement, des élections vont avoir lieu, mais qui peut croire en la crédibilité de ces rendez-vous électoraux quand ceux qui souhaitent les organiser ne sont pas respectueux des valeurs démocratiques. Déjà que le pays ne dispose d’aucun contre-pouvoir, les deux chambres parlementaires étant composées de membres désignés par Andry Rajoelina et que les membres de la HCC (Haute Cour Constitutionnelle) ne sont que des marionnettes à la solde du pouvoir putschiste.

Au vu de cet entêtement de Andry Rajoelina  à ignorer l’aspiration démocratique du peuple malagasy, j’estime qu’il est temps de passer à des actions plus concrètes pour mettre fin à cette crise. Il est injuste que le peuple malgache soit l’otage de son attitude irresponsable.
C’est la raison pour laquelle je soutiens entièrement la résolution prise ce jour à Ivandry par les trois mouvances et invite tout le peuple malagasy à venir renforcer la lutte pour l’avènement d’une Nation malagasy unie et respectant les fondamentaux républicains. Je tiens à relayer également l’appel des trois mouvances à l’endroit de l’armée pour qu’elle joue pleinement son rôle de protecteur du peuple et non un instrument de répression aux mains d’un pouvoir illégal.

Par ailleurs, je souhaite vivement la tenue d’une élection libre, transparente et impartiale où tous les fils de la nation puissent se présenter librement. Comment peut-on accepter la candidature de Andry Rajoelina, reconnu par tous (y compris la communauté internationale) comme étant  auteur d’un coup d’Etat et en refuser le droit  à Ravalomanana dont le prétexte judicaire a été monté de toutes pièces par l’actuel pouvoir?

Au lieu d’aller à contre sens de ce vent démocratique qui souffle dans les pays magrébins,  soyons toutes et tous mobilisés pour mener un combat sans relâche pour l’instauration d’une vraie république démocratique à Madagasikara.

Eliane NAIKA,  sénatrice de Madagasikara, 02.03.2011
elianenaika.blogspot.com

dimanche 27 février 2011

Communiqué de presse

Reconnaissance  internationale
Ces prochains jours sont traditionnellement dédiés à la fête. Mais ils marquent aussi la fin d'une année sombre pour Madagascar. Je voudrais m'adresser particulièrement aux victimes et aux familles des victimes de la crise politique, du régime de la terreur et aussi aux victimes des catastrophes naturelles notamment de la famine dans le Sud. L'avenir parait sombre mais en chacun de tout citoyen sommeille l'énergie qui nous permettra de le rendre meilleur. Pour 2011, agissons ensemble pour prendre notre avenir en main, misons sur la solidarité malagasy et gagnons ensemble la liberté de Madagascar.

La population de Madagascar continue d'être la victime de manipulations pour la prise de pouvoir unilatérale, une dictature commanditée par des intérêts étrangers. Je tiens à encourager mes soeurs et frères malagasy : nous restons solidaires du choix du peuple et de la vision apportée pour Madagascar par le Président Ravalomanana.
Lors son passage, le Dr Simao, représentant le GIC et la Communauté Internationale, a réitéré qu'il n'y aura pas l'ombre d'une reconnaissance internationale tant qu'une transition consensuelle et inclusive ne sera mise en place pour garantir une paix durable.

La Communauté internationale refuse toute action unilatérale. Tout récemment, l'Union Africaine, les Etats-Unis et l'Europe ont publiquement refusé le « référendum constitutionnel» de la HAT. Il n'y a pas de reconnaissance de la « 4ème république ».

Le Président Marc Ravalomanana et son parti, Tiako-i-Madagasikara, œuvrent uniquement dans la mise en place de cette transition consensuelle et inclusive et pour un retour à la table de négociations. Tout membre du Tiako-i-Madagasikara ne peut se déroger de cette ligne ou agir sans le mandat du président Ravalomanana.
Il n'est en aucun cas question de participer à une quelconque participation aux institutions illégales mises en place unilatéralement par la HAT.
Les membres du Tiako-i-Madagasikara qui ont choisi de rejoindre les institutions de la HAT ont bien dû constater qu'ils ne sont pas suivi par la population et que leurs agissements n'ont pas ramené la reconnaissance internationale attendue par la HAT.

Il est donc bien clair que ces agissements dictés par des intérêts individuels à court terme n'est pas la solution attendue par la communauté internationale. Ceci devrait servir d'avertissement à ceux qui sont tentés de refaire cette expérience.

Personne n'est pas dupe et sait faire la différence entre une volonté populaire et une volonté individuelle de qui que ce soit.

En tant que membre du Tiako-i-Madagasikara, je demande à tous les citoyens Malagasy de continuer d'œuvrer main dans la main dans le sens d'une solution durable afin que Madagascar retrouve le chemin de la liberté, à commencer par le retour du président élu Marc Ravalomanana et la libération de tous les prisonniers politiques.
 
Naika Eliane
Sénatrice de Madagascar
Membre de Tiako i Madagasikara, 28.12.2010

Tribune des Nations Unies

Monsieur le président,
Madagascar vit une crise politique ayant des conséquences dramatiques sans précédant sur la population. Près de 500.000 personnes sont victimes du chômage depuis le début de la crise.  Malheureusement, l'autorité de faits continue de défier la Communauté Internationale et se focalise sur un agenda unilatéral contrairement à leurs engagements.


Depuis le 26 janvier 2009, plusieurs centaines de personnes ont trouvé la mort, sont portées disparues et sont victimes d'arrestation arbitraire sans qu'aucune enquête indépendante ne soit menée. Je suis une des victimes de la police politique FIS. Comme plusieurs de mes collègues parlementaires, j'ai été arrêtée, battue, torturée, humiliée puis jetée en prison. Aujourd'hui, je porte des séquelles morales et physiques.


Dernièrement, la police politique FIS de l'autorité de fait, qui n'a aucun statut légal , a multiplié les arrestations arbitraires, la persécution de personnalités politiques, des religieux, des militaires et des journalistes.


Selon la presse locale et internationale:
· des milices armées de la HAT s'attaquent aux biens privés et font régner la terreur .
· des entreprises internationales sont complices des pillages des ressources naturelles.
· Les fonctionnaires ont entamé une grève pour dénoncer le pillage de biens publics.


Le 20 mai dernier, les forces de répression ont attaqué des gendarmes qui protégeaient une manifestation pacifique. Ils ont assassiné un pasteur, torturé un autre qui est actuellement dans un état critique. Plusieurs journalistes dont une femme sont détenus dans une situation précaire. La radio Fahazavana est interdit d'émettre.


Selon le syndicat des magistrats, la justice est devenue un instrument politique et est utilisée uniquement pour éliminer les adversaires politiques.
Nous exhortons les Etats membres des nations unies à soutenir des solutions consensuelles et inclusives, seul gage d'une paix durable, et à s'aligner avec les résolutions de l'Union africaine.
Nous demandons la libération des détenus politiques sans conditions et des enquêtes indépendantes pour tous les crimes commis depuis le début de la crise et notamment ceux du 26 janvier et du 7 février 2009.


Merci Monsieur le Président


Eliane NAIKA, 10.06.2010

samedi 26 février 2011

Mon arrestation

Victime d'une arrestation arbitraire et inhumaine orchestrée par la HAT (Haute Autorité  de la Transition) de Madagascar, je saisis l'opportunité de pouvoir m'exprimer à travers ce blog pour vous en livrer le récit des faits.
C’était un Samedi vers midi quand quelques membres du FIS (Force d'intervention Spéciale) armés ont débarqué à l’hôtel où je me trouvais pour mettre à exécution mon arrestation. 
Ce jour là, je ne suis pas sortie de ma chambre. Comme il devait être midi et demi environ. Je me suis dit que j’allais prendre mon déjeuner. En ce moment-là, dans le couloir menant à ma chambre, j’entendis du bruit (des bruits de bottes, claquement d'armes à feu, coups de boutoir dans les portes…). Alors, je me suis dit : « Ah ! Ce sont les gars du FIS ». 
Ils ont commencé à casser la porte des deux chambres du fond du couloir. (Il y a eu pour plus de 60 millions d’Ariary de dégâts). Il y en a qui entraient, perquisitionnaient, et pillaient dans les chambres.  Ma chambre était la septième. Etant encore dans ma chambre. Je me dis que je vais ouvrir sinon ils vont s'imaginer que j’ai quelque chose à cacher. Donc, j'ai pris mon courage à deux mains pour ouvrir la porte. Aussitôt la porte ouverte, ils ont pénétré dans la chambre en criant: « Voilà la sénatrice !! » et ils s'en prenaient brutalement à moi. Ils étaient complètement ivres. Ils ont commencé à me tabasser, me renvoyant à l’un et à l’autre. Pendant ce temps là, certains d'entre eux  fouillaient dans ma chambre. Ils ont pillé tous mes bijoux, mon argent, mon ordinateur, mes habits, et presque tous mes effets personnels. Tout en continuant à me donner des coups, ils me répétaient la question suivante : " Où sont vos amis, ? ", étant donné que j'ai été la seule à être présente à l'Hotel, les autres parlementaires étaient partis manifester au rendez-vous habituel.
Tout en me tabassant, Ils ne cessaient pas de proférer des injures, des choses abominables. Jamais dans ma vie je n’ai entendu des choses pareilles. Jamais dans ma vie on ne m’a tabassée avec autant d'agressivité. Ils étaient cinq à me tabasser. C’était affreux ce que j’ai subi. Je n’ai pas beaucoup d’ennemis. Ce sont eux mes ennemis, mais même à eux je ne souhaite pas qu’ils subissent le dixième de ce que j’ai subi tellement c’était dur. Mais sans arrêt j’ai été tabassée. Ils n’arrêtaient pas de dire que si j’avais été à Maputo ( la ville où se tenait une réunion de toutes les mouvances politiques malgaches pour une recherche de sortie de crise) c’était parce que j’étais le "cerveau" de TIM (Tiko i Madagasikara, la parti politique du Président Ravalomanana dont je suis membre). Je leur ai répondu ceci: « non. Maputo c’était des négociations ». Je leur ai dit que je suis une personne de dialogue. C’est la raison pour laquelle, on m'a choisi pour être dans la délégation, Cela n'a rien à voir avec votre histoire de "cerveau". Cet argument n'a rien donné. Au contraire, ils s'emportaient davantage et m'ont proféré des paroles d'intimidations du genre: 
«"Si vous sortez un mot de plus, nous vous sortons et vous emmenons. Et on va vous tuer" , "Où sont les armes ?", "c’est quoi votre programme ?", " Allez-vous faire un coup d’état ?". A cette dernière, je leur avais répondu ceci: " C'est vous qui avez fait un coup d’Etat, pas moi". Et comme réplique: un coup de feu est parti à quelques centimètres de ma tête. "Ça sifflait encore dans ma tête quand ils continuaient à m'écraser à même le sol, m'étrangler et me cogner la tête contre le mûr. Cela fait plus de 2 heures que je subissaient ces traitements inhumains. 
Après avoir fouillé de fond en comble mon appartement et emporté tout ce qui ait pu les intéresser, un d'entre eux s'adressait à leur chef en ces termes: "Chef ! chef !, nous avons trouvé : deux flèches – des flèches d’arc d’enfants – et un sachet de billes". Un autre s’écriait: "Ah, voilà donc des armes! C'est avec ces armes qu'elle voulait nous tuer ». Aussitôt, le chef a donné l’ordre de m'emmener. Ils m’ont  extirpé de l’hôtel et m'ont embarqué dans une voiture 4x4 qui attendait sur le parking de l’hôtel..
La presse était déjà présente dans les lieux, mais ils menaçaient avec leurs armes tous les journalistes en les interdisant surtout de prendre des photos. Néanmoins, certains d'entre eux ont pu en prendre. 
On est parti escorté à bord de la 4x4, à vive allure, des fois en prenant des sens interdits. La voiture était pleine de cadavres de bouteilles vides. On  filait à tombeau ouvert vers l’avenue de la capitale. Après avoir fait le tour de l'Avenue, on revient vers l’hôtel  Melis. A un moment  donné, on croisait une autre voiture de militaires. Ils s'amusaient à se tirer de coup de feu entre eux. Finalement on quittait Analakely ( le centre de la capitale) pour se diriger vers Bel Air; le QG de notre parti. Je restait dans la voiture avec deux gardes de corps. Ils descendaient et ont investi le local pour perquisitionner, encore une fois sans le moindre mandat administratif pour le faire. Ils n'ont rien trouvé. "Il n’y a rien, juste des posters de Ravalomanana", disait l'un d'entre eux. Et des insultes pleuvent à l’endroit du Président. Je suis incapable de répéter ce qu’ils ont dit, tellement, c’est affreux. Excusez-moi... je n'ai plus le courage de continuer à vous raconter la suite. C'est trop dur!!!




REVUE DE PRESSE

Madagascar-Tribune
Selon les victimes des actes de brutalités et des témoins oculaires, des éléments armés ont cherché les députés de la mouvance Ravalomanana mais ces derniers étaient déjà sortis et c’est ainsi qu’ils ont emmené avec eux le sénateur Mme NaïkaEliane ; cette dernière a été brutalisée selon toujours les témoins oculaires. Naïka Eliane aurait même reçu des coups sur le visage.

L’hôtel restaurant Lalou Garou sis aux 67ha Sud a été investi par des éléments armés ce samedi 12 septembre vers 11h. Selon les plaintes formulées à la presse par les employés et propriétaire de cet établissement hôtelier, ces éléments armés à bord de quatre véhicules 4x4, conduits par un de ces chefs intouchables des harcèlements et intimidations, n’ont présenté aucun mandat de perquisition. Ils ont procédé à des fouilles et en cela ont tout saccagé. Ils ont même bastonné des employés et n’ont fait aucun cas d’un malade dans une des chambres de l’hôtel. Selon le propriétaire des lieux, les dommages et les pertes s’élèvent au bas mot à 16 millions d’ariary.
En cherchant des explications à une telle « perquisition » et à cettearrestation, il est vraisemblable que l’acte ait un lien avec les casses ou les événements de la veille, vendredi 11 septembre à Analakely. En tout cas, Mme Naïka Eliane a été conduite à la brigade de Gendarmerie à Betongolo où elle a été enquêtée. Elle sera remise au Parquet du tribunal ce lundi 14 septembre 2009.
Lors d’une conférence de presse organisée par la Circonscription de la Gendarmerie d’Antananarivo, on apprend aussi que le député Raharinaivo Andrianatoandro est appelé à se présenter devant la Brigade de recherche ce mardi 15 septembre 2009.


Recueillis par Vallis


Le Monde Parlementaire

« J’ai été traitée de manière inhumaine lors de mon arrestation violente »

Immédiatement après la présentation de son rapport au Conseil directeur de l’UIP, la sénatrice Sharon Carstairs a invité la sénatrice malgache Eliane Naïka à faire part de ses expériences vécues depuis le coup d’Etat qui a eu lieu en mars dernier dans son pays.


« …Grâce aux actions efficaces menées sans discontinuité par l’UIP, cinq parlementaires ont pu être libérés de prison. Depuis le coup d’Etat du 17 mars 2009 à Madagascar, les deux chambres du Parlement ont été suspendues. Un mandat d’arrêt visant 18 parlementaires a été lancé le 23 avril. Six parlementaires ont été torturés puis emprisonnés. Moi même, femme politique, j’ai été traitée de manière inhumaine lors de mon arrestation violente, par les éléments armés de la Force d’intervention spéciale (FIS) de ce régime, le 12 septembre dernier, où ma dignité d’être humain a été bafouée.
J’ai été torturée et battue lors de mon arrestation, j’ai été présentée devant une assemblée de militaires qui m’ont humiliée. Plus tard, j’ai été déferrée au parquet et informée de trois chefs d’inculpation et mise sous mandat de dépôt. Je suis actuellement en liberté provisoire. Nous sommes toujours très préoccupés par le cas du député et questeur de l’Assemblée nationale, Raharinaivo Andrianantoandro, qui est détenu pour des raisons politiques depuis plus de deux mois.
Mesdames et Messieurs les parlementaires, nous sommes très inquiets de la violation généralisée des droits de l’homme qui touchent particulièrement les parlementaires et notamment les menaces régulières d’arrestations, les interdictions de sortie du territoire et l’interdiction de prendre des positions politiques. En résumé, depuis le coup d’Etat du 17 mars jusqu’à ce jour, Madagascar vit les heures les plus sombres et parmi les plus dramatiques. Au nom des parlementaires de Madagascar, nous demandons aux Membres de l’UIP d’envoyer une mission parlementaires dans notre pays afin de rencontrer des parlementaires et de constater leur situation à Madagascar ».