dimanche 27 février 2011

Communiqué de presse

Reconnaissance  internationale
Ces prochains jours sont traditionnellement dédiés à la fête. Mais ils marquent aussi la fin d'une année sombre pour Madagascar. Je voudrais m'adresser particulièrement aux victimes et aux familles des victimes de la crise politique, du régime de la terreur et aussi aux victimes des catastrophes naturelles notamment de la famine dans le Sud. L'avenir parait sombre mais en chacun de tout citoyen sommeille l'énergie qui nous permettra de le rendre meilleur. Pour 2011, agissons ensemble pour prendre notre avenir en main, misons sur la solidarité malagasy et gagnons ensemble la liberté de Madagascar.

La population de Madagascar continue d'être la victime de manipulations pour la prise de pouvoir unilatérale, une dictature commanditée par des intérêts étrangers. Je tiens à encourager mes soeurs et frères malagasy : nous restons solidaires du choix du peuple et de la vision apportée pour Madagascar par le Président Ravalomanana.
Lors son passage, le Dr Simao, représentant le GIC et la Communauté Internationale, a réitéré qu'il n'y aura pas l'ombre d'une reconnaissance internationale tant qu'une transition consensuelle et inclusive ne sera mise en place pour garantir une paix durable.

La Communauté internationale refuse toute action unilatérale. Tout récemment, l'Union Africaine, les Etats-Unis et l'Europe ont publiquement refusé le « référendum constitutionnel» de la HAT. Il n'y a pas de reconnaissance de la « 4ème république ».

Le Président Marc Ravalomanana et son parti, Tiako-i-Madagasikara, œuvrent uniquement dans la mise en place de cette transition consensuelle et inclusive et pour un retour à la table de négociations. Tout membre du Tiako-i-Madagasikara ne peut se déroger de cette ligne ou agir sans le mandat du président Ravalomanana.
Il n'est en aucun cas question de participer à une quelconque participation aux institutions illégales mises en place unilatéralement par la HAT.
Les membres du Tiako-i-Madagasikara qui ont choisi de rejoindre les institutions de la HAT ont bien dû constater qu'ils ne sont pas suivi par la population et que leurs agissements n'ont pas ramené la reconnaissance internationale attendue par la HAT.

Il est donc bien clair que ces agissements dictés par des intérêts individuels à court terme n'est pas la solution attendue par la communauté internationale. Ceci devrait servir d'avertissement à ceux qui sont tentés de refaire cette expérience.

Personne n'est pas dupe et sait faire la différence entre une volonté populaire et une volonté individuelle de qui que ce soit.

En tant que membre du Tiako-i-Madagasikara, je demande à tous les citoyens Malagasy de continuer d'œuvrer main dans la main dans le sens d'une solution durable afin que Madagascar retrouve le chemin de la liberté, à commencer par le retour du président élu Marc Ravalomanana et la libération de tous les prisonniers politiques.
 
Naika Eliane
Sénatrice de Madagascar
Membre de Tiako i Madagasikara, 28.12.2010

Tribune des Nations Unies

Monsieur le président,
Madagascar vit une crise politique ayant des conséquences dramatiques sans précédant sur la population. Près de 500.000 personnes sont victimes du chômage depuis le début de la crise.  Malheureusement, l'autorité de faits continue de défier la Communauté Internationale et se focalise sur un agenda unilatéral contrairement à leurs engagements.


Depuis le 26 janvier 2009, plusieurs centaines de personnes ont trouvé la mort, sont portées disparues et sont victimes d'arrestation arbitraire sans qu'aucune enquête indépendante ne soit menée. Je suis une des victimes de la police politique FIS. Comme plusieurs de mes collègues parlementaires, j'ai été arrêtée, battue, torturée, humiliée puis jetée en prison. Aujourd'hui, je porte des séquelles morales et physiques.


Dernièrement, la police politique FIS de l'autorité de fait, qui n'a aucun statut légal , a multiplié les arrestations arbitraires, la persécution de personnalités politiques, des religieux, des militaires et des journalistes.


Selon la presse locale et internationale:
· des milices armées de la HAT s'attaquent aux biens privés et font régner la terreur .
· des entreprises internationales sont complices des pillages des ressources naturelles.
· Les fonctionnaires ont entamé une grève pour dénoncer le pillage de biens publics.


Le 20 mai dernier, les forces de répression ont attaqué des gendarmes qui protégeaient une manifestation pacifique. Ils ont assassiné un pasteur, torturé un autre qui est actuellement dans un état critique. Plusieurs journalistes dont une femme sont détenus dans une situation précaire. La radio Fahazavana est interdit d'émettre.


Selon le syndicat des magistrats, la justice est devenue un instrument politique et est utilisée uniquement pour éliminer les adversaires politiques.
Nous exhortons les Etats membres des nations unies à soutenir des solutions consensuelles et inclusives, seul gage d'une paix durable, et à s'aligner avec les résolutions de l'Union africaine.
Nous demandons la libération des détenus politiques sans conditions et des enquêtes indépendantes pour tous les crimes commis depuis le début de la crise et notamment ceux du 26 janvier et du 7 février 2009.


Merci Monsieur le Président


Eliane NAIKA, 10.06.2010

samedi 26 février 2011

Mon arrestation

Victime d'une arrestation arbitraire et inhumaine orchestrée par la HAT (Haute Autorité  de la Transition) de Madagascar, je saisis l'opportunité de pouvoir m'exprimer à travers ce blog pour vous en livrer le récit des faits.
C’était un Samedi vers midi quand quelques membres du FIS (Force d'intervention Spéciale) armés ont débarqué à l’hôtel où je me trouvais pour mettre à exécution mon arrestation. 
Ce jour là, je ne suis pas sortie de ma chambre. Comme il devait être midi et demi environ. Je me suis dit que j’allais prendre mon déjeuner. En ce moment-là, dans le couloir menant à ma chambre, j’entendis du bruit (des bruits de bottes, claquement d'armes à feu, coups de boutoir dans les portes…). Alors, je me suis dit : « Ah ! Ce sont les gars du FIS ». 
Ils ont commencé à casser la porte des deux chambres du fond du couloir. (Il y a eu pour plus de 60 millions d’Ariary de dégâts). Il y en a qui entraient, perquisitionnaient, et pillaient dans les chambres.  Ma chambre était la septième. Etant encore dans ma chambre. Je me dis que je vais ouvrir sinon ils vont s'imaginer que j’ai quelque chose à cacher. Donc, j'ai pris mon courage à deux mains pour ouvrir la porte. Aussitôt la porte ouverte, ils ont pénétré dans la chambre en criant: « Voilà la sénatrice !! » et ils s'en prenaient brutalement à moi. Ils étaient complètement ivres. Ils ont commencé à me tabasser, me renvoyant à l’un et à l’autre. Pendant ce temps là, certains d'entre eux  fouillaient dans ma chambre. Ils ont pillé tous mes bijoux, mon argent, mon ordinateur, mes habits, et presque tous mes effets personnels. Tout en continuant à me donner des coups, ils me répétaient la question suivante : " Où sont vos amis, ? ", étant donné que j'ai été la seule à être présente à l'Hotel, les autres parlementaires étaient partis manifester au rendez-vous habituel.
Tout en me tabassant, Ils ne cessaient pas de proférer des injures, des choses abominables. Jamais dans ma vie je n’ai entendu des choses pareilles. Jamais dans ma vie on ne m’a tabassée avec autant d'agressivité. Ils étaient cinq à me tabasser. C’était affreux ce que j’ai subi. Je n’ai pas beaucoup d’ennemis. Ce sont eux mes ennemis, mais même à eux je ne souhaite pas qu’ils subissent le dixième de ce que j’ai subi tellement c’était dur. Mais sans arrêt j’ai été tabassée. Ils n’arrêtaient pas de dire que si j’avais été à Maputo ( la ville où se tenait une réunion de toutes les mouvances politiques malgaches pour une recherche de sortie de crise) c’était parce que j’étais le "cerveau" de TIM (Tiko i Madagasikara, la parti politique du Président Ravalomanana dont je suis membre). Je leur ai répondu ceci: « non. Maputo c’était des négociations ». Je leur ai dit que je suis une personne de dialogue. C’est la raison pour laquelle, on m'a choisi pour être dans la délégation, Cela n'a rien à voir avec votre histoire de "cerveau". Cet argument n'a rien donné. Au contraire, ils s'emportaient davantage et m'ont proféré des paroles d'intimidations du genre: 
«"Si vous sortez un mot de plus, nous vous sortons et vous emmenons. Et on va vous tuer" , "Où sont les armes ?", "c’est quoi votre programme ?", " Allez-vous faire un coup d’état ?". A cette dernière, je leur avais répondu ceci: " C'est vous qui avez fait un coup d’Etat, pas moi". Et comme réplique: un coup de feu est parti à quelques centimètres de ma tête. "Ça sifflait encore dans ma tête quand ils continuaient à m'écraser à même le sol, m'étrangler et me cogner la tête contre le mûr. Cela fait plus de 2 heures que je subissaient ces traitements inhumains. 
Après avoir fouillé de fond en comble mon appartement et emporté tout ce qui ait pu les intéresser, un d'entre eux s'adressait à leur chef en ces termes: "Chef ! chef !, nous avons trouvé : deux flèches – des flèches d’arc d’enfants – et un sachet de billes". Un autre s’écriait: "Ah, voilà donc des armes! C'est avec ces armes qu'elle voulait nous tuer ». Aussitôt, le chef a donné l’ordre de m'emmener. Ils m’ont  extirpé de l’hôtel et m'ont embarqué dans une voiture 4x4 qui attendait sur le parking de l’hôtel..
La presse était déjà présente dans les lieux, mais ils menaçaient avec leurs armes tous les journalistes en les interdisant surtout de prendre des photos. Néanmoins, certains d'entre eux ont pu en prendre. 
On est parti escorté à bord de la 4x4, à vive allure, des fois en prenant des sens interdits. La voiture était pleine de cadavres de bouteilles vides. On  filait à tombeau ouvert vers l’avenue de la capitale. Après avoir fait le tour de l'Avenue, on revient vers l’hôtel  Melis. A un moment  donné, on croisait une autre voiture de militaires. Ils s'amusaient à se tirer de coup de feu entre eux. Finalement on quittait Analakely ( le centre de la capitale) pour se diriger vers Bel Air; le QG de notre parti. Je restait dans la voiture avec deux gardes de corps. Ils descendaient et ont investi le local pour perquisitionner, encore une fois sans le moindre mandat administratif pour le faire. Ils n'ont rien trouvé. "Il n’y a rien, juste des posters de Ravalomanana", disait l'un d'entre eux. Et des insultes pleuvent à l’endroit du Président. Je suis incapable de répéter ce qu’ils ont dit, tellement, c’est affreux. Excusez-moi... je n'ai plus le courage de continuer à vous raconter la suite. C'est trop dur!!!




REVUE DE PRESSE

Madagascar-Tribune
Selon les victimes des actes de brutalités et des témoins oculaires, des éléments armés ont cherché les députés de la mouvance Ravalomanana mais ces derniers étaient déjà sortis et c’est ainsi qu’ils ont emmené avec eux le sénateur Mme NaïkaEliane ; cette dernière a été brutalisée selon toujours les témoins oculaires. Naïka Eliane aurait même reçu des coups sur le visage.

L’hôtel restaurant Lalou Garou sis aux 67ha Sud a été investi par des éléments armés ce samedi 12 septembre vers 11h. Selon les plaintes formulées à la presse par les employés et propriétaire de cet établissement hôtelier, ces éléments armés à bord de quatre véhicules 4x4, conduits par un de ces chefs intouchables des harcèlements et intimidations, n’ont présenté aucun mandat de perquisition. Ils ont procédé à des fouilles et en cela ont tout saccagé. Ils ont même bastonné des employés et n’ont fait aucun cas d’un malade dans une des chambres de l’hôtel. Selon le propriétaire des lieux, les dommages et les pertes s’élèvent au bas mot à 16 millions d’ariary.
En cherchant des explications à une telle « perquisition » et à cettearrestation, il est vraisemblable que l’acte ait un lien avec les casses ou les événements de la veille, vendredi 11 septembre à Analakely. En tout cas, Mme Naïka Eliane a été conduite à la brigade de Gendarmerie à Betongolo où elle a été enquêtée. Elle sera remise au Parquet du tribunal ce lundi 14 septembre 2009.
Lors d’une conférence de presse organisée par la Circonscription de la Gendarmerie d’Antananarivo, on apprend aussi que le député Raharinaivo Andrianatoandro est appelé à se présenter devant la Brigade de recherche ce mardi 15 septembre 2009.


Recueillis par Vallis


Le Monde Parlementaire

« J’ai été traitée de manière inhumaine lors de mon arrestation violente »

Immédiatement après la présentation de son rapport au Conseil directeur de l’UIP, la sénatrice Sharon Carstairs a invité la sénatrice malgache Eliane Naïka à faire part de ses expériences vécues depuis le coup d’Etat qui a eu lieu en mars dernier dans son pays.


« …Grâce aux actions efficaces menées sans discontinuité par l’UIP, cinq parlementaires ont pu être libérés de prison. Depuis le coup d’Etat du 17 mars 2009 à Madagascar, les deux chambres du Parlement ont été suspendues. Un mandat d’arrêt visant 18 parlementaires a été lancé le 23 avril. Six parlementaires ont été torturés puis emprisonnés. Moi même, femme politique, j’ai été traitée de manière inhumaine lors de mon arrestation violente, par les éléments armés de la Force d’intervention spéciale (FIS) de ce régime, le 12 septembre dernier, où ma dignité d’être humain a été bafouée.
J’ai été torturée et battue lors de mon arrestation, j’ai été présentée devant une assemblée de militaires qui m’ont humiliée. Plus tard, j’ai été déferrée au parquet et informée de trois chefs d’inculpation et mise sous mandat de dépôt. Je suis actuellement en liberté provisoire. Nous sommes toujours très préoccupés par le cas du député et questeur de l’Assemblée nationale, Raharinaivo Andrianantoandro, qui est détenu pour des raisons politiques depuis plus de deux mois.
Mesdames et Messieurs les parlementaires, nous sommes très inquiets de la violation généralisée des droits de l’homme qui touchent particulièrement les parlementaires et notamment les menaces régulières d’arrestations, les interdictions de sortie du territoire et l’interdiction de prendre des positions politiques. En résumé, depuis le coup d’Etat du 17 mars jusqu’à ce jour, Madagascar vit les heures les plus sombres et parmi les plus dramatiques. Au nom des parlementaires de Madagascar, nous demandons aux Membres de l’UIP d’envoyer une mission parlementaires dans notre pays afin de rencontrer des parlementaires et de constater leur situation à Madagascar ».